Le dieu avait levé sa paupière sur le vide. De sa faux il avait dessiné cercles et carrés, rectangles et ovales. Puis il avait noué les formes entre elles, et soufflé sur les nœuds inextricables. Et la grande machine du Temps s’était mise en mouvement, rayant de mort la nue.
Raidie dans sa gloire de métal, la dame à la tour hautaine va indifférente au souffle de ses conquêtes. Son étendard ombre de nuit la blancheur des jours.
Le bord du monde, et la route qui s’épointe au gris extrême. À celui qui franchira les grilles incertaines, la tâche d’écarter les cuisses de pierre.
La mousse d’encre avait brouillé les bornes des champs de peau. Les bistres des terres s’étonnaient des flaques de ciel qu’un dieu joueur avait lancées un soir d’orage.
Ils arpentent à pleine foulée le bleu du ciel. Parfois une nuée les arrête. Ils la défroissent de leurs griffes ardentes, sûrs d’avoir retrouvé la ronde douceur d’un ventre maternel.
Ouvre-t-elle la porte d’ivoire ? Celle des songes trompeurs qui égarent les âmes fiévreuses ? Non, c’est la clé de la dernière chambre, de la chambre interdite, qui goutte du sang des femmes qu’un homme à la barbe d’outremer avait séduites.
Ni ombre, ni lumière, aigu, il descend la pente du monde. Il s’est taillé un habit de terre, de forêts et de prés. Et cet habit est troué de vides. Comme la vie des hommes, dont son bec vert étire les fils pour les rompre.
Ombres embuées d’illusion, ils avaient tourné le dos aux collines bleues. Le sable avait gonflé leurs pieds de silence. Les fronts des hommes comme un poing sur l’horizon vide.